Comment les vignerons s’adaptent-ils au changement climatique ? Les cépages résistants, une solution d’avenir ?
Le changement climatique est un défi majeur pour la viticulture. Face à la sécheresse, aux canicules, aux gelées ou à la grêle, les cépages traditionnels souffrent et voient leur qualité et leur rendement diminuer. Pour y faire face, certains vignerons se tournent vers des cépages plus résistants, capables de supporter ces aléas et de consommer moins d’eau.
Qu’est-ce qu’un cépage résistant ?
Un cépage résistant est une variété de vigne qui possède des gènes de résistance contre les maladies cryptogamiques, c’est-à-dire causées par des champignons, comme le mildiou ou l’oïdium. Ces gènes proviennent de croisements entre des espèces de Vitis originaires d’Asie ou d’Amérique, où ces maladies sont endémiques, et des espèces européennes (Vitis vinifera), qui donnent les vins que nous connaissons. Ces cépages sont parfois appelés PIWI, acronyme de Pilzwiderstandsfähig, qui signifie résistant aux champignons en allemand.
Voici une vidéo relatant ces faits :
Quels sont les avantages des cépages résistants ?
Les cépages résistants présentent plusieurs avantages pour les vignerons et pour l’environnement. Tout d’abord, ils permettent de réduire l’utilisation de produits phytosanitaires, qui sont nocifs pour la santé et la biodiversité. En effet, ces cépages nécessitent moins de traitements fongicides, voire aucun dans certains cas.
Ensuite, ils sont plus adaptés aux conditions climatiques actuelles et futures, car ils sont plus tolérants à la sécheresse, à la chaleur et aux stress hydriques. Ils ont souvent des racines plus profondes, qui leur permettent d’aller chercher l’eau et les nutriments dans le sol, ou une peau plus épaisse, qui les protège du dessèchement. Enfin, ils offrent une diversité aromatique et gustative intéressante, avec des vins originaux et de qualité.
Où trouve-t-on des cépages résistants ?
Les cépages résistants sont cultivés dans plusieurs pays d’Europe, notamment en Allemagne, en Suisse, en Autriche ou en Italie. En France, ils sont encore peu répandus, mais leur nombre augmente progressivement. Depuis 2017, 17 variétés résistantes ont été classées définitivement et peuvent être utilisées pour produire des vins d’appellation d’origine protégée (AOP) ou des vins de pays. Parmi ces variétés, on trouve par exemple le Vidoc, le Floréal ou le Souvignier gris pour les blancs, et le Monarch, le Prior ou le Cabernet cortis pour les rouges.
Quels sont les exemples de vignerons qui utilisent des cépages résistants ?
En France, plusieurs vignerons se sont lancés dans l’aventure des cépages résistants, souvent par conviction écologique ou par curiosité. C’est le cas par exemple du domaine du Château Ciceron, dans l’Aude, qui produit depuis 2015 des vins issus de cépages portugais comme le Touriga Nacional ou l’Alvarinho. Ces cépages sont originaires de la vallée du Douro, une région très chaude et sèche, où ils ont développé une forte résistance au stress hydrique. Le domaine du Château Ciceron propose ainsi des vins originaux et expressifs, qui révèlent le terroir méditerranéen.
Un autre exemple est celui du domaine du Mas Thélème, dans l’Hérault, qui cultive depuis 2014 des cépages résistants comme le Muscaris ou le Soreli. Ces cépages sont issus de croisements entre des variétés européennes (Muscat ou Sauvignon) et des variétés américaines (Seyval blanc ou Bronner). Le domaine du Mas Thélème produit ainsi des vins blancs aromatiques et frais, avec une faible teneur en alcool et en acidité.
Les cépages résistants sont une solution d’avenir pour la viticulture, face au changement climatique et à la réduction des intrants chimiques. Ils offrent aux vignerons la possibilité de produire des vins de qualité, tout en respectant l’environnement et la biodiversité. Ils représentent également une opportunité de diversifier l’offre viticole, avec des vins originaux et variés, qui séduisent les consommateurs à la recherche de nouveauté et d’authenticité.